mercredi 5 février 2014

Hyakunin Isshu 42

Kiyohara no Motosuke

 Nous avions juré
de nos larmes réciproques
essorant nos manches
que les flots ne franchiraient
le mont des pins de Sué

Père de Sei Shonagon, Motosuke dépeint dans ce poème de commande les amours qui ne peuvent que mal tourner : le motif des manches mouillées indique les pleurs des amants ainsi que celui du flot qui submerge nature et gens.

Cette tristesse immense est retranscrite grâce à la mention du Mont Sué, lieu qui est réputé comme un endroit inatteignable par la mer. Les serments semblent donc bien minces et les mots, encore une fois, bien fragiles devant l'amplitude des sentiments.


Hiroshige


L'estampe de la série Ogura met en scène un jeune homme appartenant à une riche famille de marchands d'Osaka : Wankyu. ce dernier est amoureux de la courtisane Matsuoyama et passe toute sa fortune. Ses parents l'enferment alors chez lui mais le jeune homme s'échappe et pris de folie, se met à danser dans les rues de la ville avant de se jeter et se noyer dans la rivière proche.

Outre le nom de la courtisane qui signifie Mont des pins comme dans le poème de Motosuke, le caractère qui se traduit par "essuyant nos manches" peut aussi se comprendre "être pris de folie", faisant référence à la danse éperdue que l'amant empêché se met à faire dans l'histoire.


Kunisada


 La folie masculine est moins mise en scène que celle de la femme et pourtant elle évoque un état encore plus pitoyable et inacceptable pour une éthique classique. Le fait même de faire danser le jeune homme est encore un signe de la déchéance du personnage car l'activité parait réservée aux femmes lorsqu'elle se produit en public.
L'amour contrarié devient ainsi un élément de dérèglement social et moral qui ne peut trouver une solution que par la mort, en l'occurrence le suicide, acte expiatoire de la part de l'amoureux face à la société.

Hirosada

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