lundi 22 septembre 2014

Sagi Musume, estampe et esprit

Des flocons aux plumes...


De nulle part apparait une jeune femme en kimono de cérémonie. Elle porte une ombrelle et un obi noir, signes funestes pour un tel costume de mariage. Après un jeu avec l'ombrelle, le personnage joue avec ses manches qui bientôt dessinent des mouvements ailés.

Devant le spectateur, s'agite ainsi non une femme mais un esprit-héron. Anciennement jeune fille amoureuse abandonnée, agitée par sa passion dans les enfers, l'esprit s'est réincarné en oiseau et par cette nuit d'hiver mime sa vie : l'idylle rapide puis la jalousie ainsi que les chambres infernales traversées par l'esprit sans repos.


Sagi Musume est un morceau de choix pour l'onnagata : pièce de danse, cette dernière permet de développer les changements de costume à vue (bukkaeri) ainsi que les poses extrêmement difficiles comme les postures arrières ou ebizori.






Dans sa série 36 nouvelles formes de spectres, Yoshitoshi fait du personnage de Sagi Musume un espace de prouesse en ce qui concerne les nuances de blanc ainsi que l'utilisation du gaufrage, cette technique qui permet de travailler en relief les parties blanches. Motif de flocon pour le kimono, stries du col ou motif de plume pour les hérons, cette oeuvre permet un travail assez incomparable dans le domaine du relief.


Véritable duel entre plein et vide, blanc et noir, le personnage de kabuki et d'estampe permet la prouesse et la mise en scène spectaculaire de la passion qui sans cesse se nourrit et se tue elle-même.

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