samedi 15 août 2015

Poésie et illustration 14 Heureux qui comme....du Bellay


Loin de chez soi...
G Lemercier
Loin des flux touristiques et des envies d'ailleurs, le poème de ce XVI°siècle humaniste chante les vertus du pays natal. Rien de nationaliste (et encore ce terme est anachronique) mais plutôt miroir des déceptions que du Bellay put connaitre lors de son séjour en Italie. S'il fut ébloui par les monuments, les bassesses politiques et les préséances nobiliaires eurent tôt fait de l'ennuyer. 

Ceci explique en partie l'utilisation de la figure tutélaire d'Ulysse, grand voyageur bien malgré lui qui tourne souvent son esprit vers l'ile natale...

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !

Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?

Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
Que des palais Romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine :

Plus mon Loire gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la doulceur angevine.

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