dimanche 30 août 2015

Expo Portrait(s), Vichy (03)


Tirer le portrait...


Troisième édition pour Portrait(s) et ce genre à la fois populaire et artistique du monde photographique. A travers le regard de 12 artistes, le portrait est questionné sur son statut, ses codes et les modes de représentation qu'il institue.


Les clichés de B. Wrighton campent une Amérique des années 80 où le regard sans fard fait apparaitre une présence des lieux aussi importante que celle de ses habitants. Pour la Canadienne K. Roy, il s'agit plutôt de jouer avec les codes, les couleurs saturées et les mises en espace des photos de mode : là l'image crée le monde et l'histoire.


C'est un peu ce que fait I. Ionesco avec ses clichés noir et blanc qui jouent sur les références artistiques et culturelles, faisant jouer les limites entre mythe et réalité.


M. Jacob, quant à lui, éparpille les images prises dans différents pays, jouant sur la mise en scène des oeuvres afin de faire une réalité peut-être autre que celle qu'un cliché unique pourrait véhiculer.


Jusqu'au 6 septembre dans plusieurs lieux de la ville...

vendredi 28 août 2015

Expo l'Opéra comique et ses trésors, CNCS, Moulins (03)


A vos pupitres...


Bel hommage au travers de quelques costumes à l'Opéra Comique....Né à la fin du règne de Louis XIV et émergeant difficilement face à l'Opéra Royal qui a le monopole, le petit nouveau devra attendre le milieu du XVIII° siècle afin de réellement s'imposer comme une scène majeure de la vie parisienne.


C'est avec Melle Favart (et oui, rappelez-vous le nom de la scène principale de l'établissement!), jeune Avignonnaise ( je ne gloserai pas sur les liens entre la ville et le spectacle, décidément) que le lieu va gagner en popularité.  Insistant sur un jeu réaliste (en tout cas selon l'époque), la diva va attirer les plus grands musiciens comme Grétry et lors de l'inauguration officielle, Marie-Antoinette sera présente...sans oublier le goût de Louis XVI pour le Richard Coeur de Lion du musicien et l'air prophétique d'Ô Richard, ô mon roi...


Le succès ne se démentira plus : Adam, Bizet, Massenet et tant d'autres se précipiteront dans ce théâtre afin de créer leurs opéras. Ces derniers sont évoqués à travers de très nombreux costumes qui évoquent les oeuvres historicistes, orientalistes ou comiques qui ont pu voir le jour sur près de trois siècles.


Et puis, comme toujours, cerise sur le gâteau du CNCS : la dernière salle qui orchestre magnifiquement étoffes, éclairages et mise en scène afin de créer une atmosphère fantaisiste et toujours créative...


Mention spéciale aux différents extraits d'oeuvres qui nous immergent dans des univers variés et toujours enivrants. Courez-y vite car tout disparaitra le 6septembre :
http://www.cncs.fr/expositions/a-l-affiche

mercredi 26 août 2015

Ouverture du site Miroir de l'Ukiyo-e


Bienvenue en Ukiyo-e...


Ca y est, c'est officiel : le site Miroir de l'ukiyo-e est ouvert....

Après quelques jours de préparation, vous trouverez sur ce site : 
> des expos virtuelles qui présenteront tous les deux ou trois mois quelques pièces de ma collection à travers une série ou une thématique.
> une liste des expos auxquelles je participe avec des liens...
> une explication d'estampe chaque semaine.
> des vidéos et des billets qui essaieront d'éclairer ce monde de l'ukiyo-e.

N'hésitez pas à venir le visiter et laisser vos avis même si certaines sections sont encore en construction :
http://miroirdlukiyoe.e-monsite.com/

dimanche 23 août 2015

Expo Anonymus Walker Evans, Rencontres photographiques 2015, Arles (13)


Un père de la photographie...


Figure tutélaire de la photographie américaine, W Evans débute son travail dans les années 20 et , a contrario d'une majeure partie de ses contemporains, privilégiera le style documentaire. Cette façon de prendre un cliché a ses règles et ses hasards : prendre au vol des passants, des lieux mais avec un cadrage précis qui tente de retranscrire la quotidienneté de l'instant.


Malgré le nom, il ne faut pas croire que le but d'Evans est de documenter le public sur son époque : il préfère voir dans l'appareil photo une chambre d'échos qui amoncelle les fragments de réalité afin d'interroger le réel et sa perception. Il va donc extrêmement travailler les exploitations et les mises en page de ses clichés.
De plus, les textes accompagnant ses oeuvres font aussi partie intégrante de son travail. Celui qui aurait voulu d'ailleurs devenir écrivain prend comme modèle de sa démarche les tableaux parisiens de Baudelaire.


Les Tableaux d'Evans prendront comme héros des spectres de la rue, du métro, bref des êtres anonymes. L'exposition des Rencontres photographiques propose ainsi des planches originales de magazines avec lesquels Evans a collaboré. Travailleurs, petites gares ou clichés d'objets, tout un personnel de la société américaine que le photographe interroge : un présent qui suinte un passé déja révolu et alors, que reste-t-il?


Au musée de l'Arles antique jusqu'au 6 septembre...

jeudi 20 août 2015

Expo Souvenirs du sphinx, Rencontres photographiques, Arles (13)


Photos souvenirs...


Wouter Deruytter présente quelques clichés personnels ainsi que bon nombres de photographies du monstre égyptien par excellence : le sphinx! 
En ce qui concerne son travail, de beaux clichés en noir et blanc qui révèlent des aspects moins connus du monument comme son désensablement quasi total ou des vues de son arrière-train...car en effet, si l'animal célèbre a un profil et un visage pris sous toutes les coutures, il n'en est pas de même de son postérieur...


A travers des photos nombreuses, on part à la découverte de la représentation de ce monument : des documents iconographiques aux premiers tirages de la fin du XIX° siècle. On remarque donc souvent une mise en scène de la face avec un jeu de lumières qui se marie assez bien avec les sépias utilisés à l'époque.


Des cartes postales aux allures de chromos, des scènes de genre avec bédouins ou troupes stationnées près du sphinx sont légion et on peut imaginer les représentations pléthoriques d'une architecture qui a fait rêver plus d'un voyageur.


Ces clichés montrent d'ailleurs des scènes qui ne pourront plus voir le jour à cause des normes de sécurité et de conservation. C'est aussi autour de ces images d'un passé révolu et une rêverie autour d'instants à jamais effacés que se déroule cette exposition. Le sphinx, lui, semble observer imperturbablement ces êtres qui déambulent comme il a vu défiler les siècles...

Au musée de l'Arles antique jusqu'au 6 septembre :
http://www.wouterderuytter.com/portofolio.html

mardi 18 août 2015

Expo Une histoire de la photographie, Centre Campredon, Isle sur Sorgue (84)


Histoire de collection...


Le centre Campredon présente à travers la collection de Lolla Garrido un panorama de la photographie de la fin du XIX° siècle au début des années 1990. S'il s'agit de présenter quelques clichés célèbres, il s'agit aussi de présenter une collection et les fortes articulations quilui ont permis de se mettre en place.



A travers les multiples salles, on peut s'émerveiller devant des clichés début 1900 d'artistes autrichiens ou anglais qui mettent en avant des beautés et des attitudes que les artistes de l'Art Nouveau ont sublimées. Quelques oeuvres de Man Ray amusent aussi avec leurs esprit fantasque ou provocateur.

 

Des productions d'artistes qui ont travaillé pour Vogue et autres magazines permettent aussi de jeter un regard amusé sur les rues des grandes villes dans les années 30 ou durant l'après guerre. C'est souvent le détail, l'inattendu dans le quotidien qui attire l'oeil, thématique qui est un des piliers de cette collection.


Autre grande thématique : la femme et la condition féminine. Avec des clichés célèbres comme Lella de Boubat ou la mère migrante de D Lange, on peut remarquer l'importance de la vision féminine pour cette collectionneuse qui permet d'étudier l'histoire contemporaine à travers le prisme de la féminité. Pouvoir admirer certains de ces clichés autrement que dans des livres ou sur un écran est un privilège et un fort moment d'émotion.

A voir jusqu'au 4 octobre...

dimanche 16 août 2015

Expo secrets des couleurs, Musée d'Allard, Montbrison (42)


Couleurs baroque-latino...


Retour de quelques nouvelles acquisitions de la collection du couple Priet au musée d'Allard et comme il y a quelques années, anges armés et tableaux religieux colorés reviennent en force.


Petit retour donc sur l'école de Cuzco et de son représentant le plus marquant : Gamarra. Après l'invasion du Nouveau Monde par les troupes espagnoles, le gouvernement a à coeur de christianiser les foules indiennes. Dès lors, elles vont demander à quelques peintres fortement influencés par la peinture flamande de multiplier les oeuvres religieuses afin de développer une éducation de masse des principaux dogmes.


Dès le XVII° siècle, des Indiens vont se mettre à peindre à leur tour comme Juan Zapata Inca (qui disait appartenir à la dernière lignée des rois incas). Vont alors se mêler symboles chrétiens et indiens : si on peut penser que l'emploi de certains symboles est un moyen d'attirer l'inca à une nouvelle référence, il faut aussi imaginer que de la part d'artistes locaux, cette technique permettra de faire survivre les anciennes croyances au travers d'allusions.

Peu surprenant alors de voir l'intérêt porté par les anges, les oiseaux et les êtres ailés étant considérés comme messagers divins dans ces contrées. De même la Trinité ou la lune associée à la Vierge répondent à des symboles incas qui eux aussi renvoient au Sacré. S'instaure alors une forme de syncrétisme qui a encore cours aujourd'hui dans certaines traditions du Pérou.



Une vision colorée qui est un bel écho à l'expo de l'Inca et du Conquistador du quai Branly puisqu'elle pose elle aussi la question du dialogue entre le Vainqueur et le Vaincu, l'Ancien et le Nouveau Monde. A voir jusqu'au 27 septembre...

samedi 15 août 2015

Poésie et illustration 14 Heureux qui comme....du Bellay


Loin de chez soi...
G Lemercier
Loin des flux touristiques et des envies d'ailleurs, le poème de ce XVI°siècle humaniste chante les vertus du pays natal. Rien de nationaliste (et encore ce terme est anachronique) mais plutôt miroir des déceptions que du Bellay put connaitre lors de son séjour en Italie. S'il fut ébloui par les monuments, les bassesses politiques et les préséances nobiliaires eurent tôt fait de l'ennuyer. 

Ceci explique en partie l'utilisation de la figure tutélaire d'Ulysse, grand voyageur bien malgré lui qui tourne souvent son esprit vers l'ile natale...

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !

Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?

Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
Que des palais Romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine :

Plus mon Loire gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la doulceur angevine.

vendredi 14 août 2015

Le mois Obon 7, magiciens de papier


Des magiciens de toutes les couleurs...


Que serait le monde de l'estampe sans la représentation de magiciens? Un monde peut-être un peu trop tranquille. On peut remarquer que si le personnage du magicien apparait assez tôt, c'est la dernière période de l'ukiyoe qui va le mettre à l'honneur, remplaçant en partie seulement le personnage du guerrier. Permettant le mouvement, l'horrible ou le comique, ce type qui fait le bonheur des scènes kabuki va avoir tendance à prendre le devant de la scène.


Les costumes les plus bizarres sont dépeints : si certains mages vont se trouver en robe de cour Heian pour certaines sorcières, bien souvent on peut envisager des costumes plus inattendus comme celui de guerrier ou encore de crapaud....Comme quoi les Mario Bros qui s'affublent de divers tenues animales n'ont rien inventé! Bien sûr l'animal utilisé est censé donner ses pouvoirs occultes à l'humain qui le revêt.


L'animal peut se contenter d'être le simple compagnon du magicien et le bestiaire est bigarré : serpent, taureau, limace de mer, araignée ou papillons géants....Tout le monde des bêtes et autres insectes est convoqué afin de gagner en spectaculaire voire en amusant.


Mention spéciale à certains sorciers qui donnent naissance à des monstres...en origami : et oui, l'amour de ce passe-temps est déja mis en scène au XIX° siècle à travers ces histoires extraordinaires. Imaginons les combats et invocations de ces monstres de papier...


Petit panorama animé de quelques sorciers célèbres à travers cette série de petits formats de Kunichika...Des sorciers avec des monstres pas toujours effrayants!




jeudi 13 août 2015

Le mois Obon 6, Yoshitoshi et le surnaturel


 Un art nuancé...

 

Considéré comme le dernier grand artiste de l'ukiyoe, Yoshitoshi est un dessinateur qui ne cessera de représenter l'au-delà et ses manifestations. Il faut tout d'abord dire que son tempérament va en partie expliquer ce goût : assez fragile psychologiquement, il assistera à plusieurs batailles sanglantes lors du Bakumatsu (changement de régime entre la fin du Shogunat et la restauration de l'Empire). Largement ébranlé par ces visions sanglantes, il sera malmené toute sa vie par des crises de folie qui le conduiront vers un grand abattement. Bien souvent, ces crises sont comparées à celles que Van Gogh, contemporain de Yoshitoshi, a pu connaitre. La seconde explication est la soif de surnaturel du public : l'estampe étant un média populaire, elle demeure un support primordial de ces croyances occultes qui paraissent bien réelles aux yeux de la majeure partie du public. 


L'art de Yoshitoshi est souvent signalé comme un art du contraste et du mouvement : en témoignent ces estampes qui représentent un exorcisme ou des confrontation entre humains et démons. Le côté dynamique et outrancier n'a rien à envier à certains manga actuels!
Les couleurs saturées, les détails minutieux des visages et des expressions viennent renforcer cette atmosphère fantastique où les démons et autres spectres ont la part belle.




Toutefois, cet art outré peut trouver une sorte d'équilibre. En cela, les deux dernières séries Cent aspects de la lune et 36 fantômes modernes témoignent de cette sorte de classicisme de l'étrange. Des planches comme La jeune fille héron ou Sumizome, l'esprit du cerisier en fleurs incarnent des lignes épurées où le fond joue de colorations subtiles dans des tonalités bien moins aguicheuses que dans des séries plus anciennes. Le spectre, qui devient une émanation du désir, parait un personnage serein.


Le dernier trait de la palette spectrale de Yoshitoshi est aussi l'humour. Un peu comme Hokusai, le dernier artiste ukiyoe prête à certains monstres des traits plus amusants qu'effrayants. Ainsi de l'araignée des profondeur qui tient sa toile telle une serviette ou encore les monstres d'une malle interdite qui tirent la langue à une vieille avare...peut-être encore plus effrayante que les monstres eux-mêmes!


Enfin, pour insister sur le caractère humoristique de Yoshitoshi, tournons les yeux vers cette estampe qui cite...une estampe de l'artiste : la malle interdite et ses fantômes. Une estampe qui a l'air d'effrayer cette geisha, représentant l'été..période où les festivités d'Obon se déroulent.




mardi 11 août 2015

Le mois Obon 5, Manga d'Hokusai et monstres


Esprits alertes...

Petit détour par la manga d'Hokusai et sa présentation d'une cohorte de monstres et esprits bigarrés. Force est de constater que tout au long de sa production de dessins, le maitre ès pinceau ne cessera de multiplier les références à des êtres surnaturels qui ont un fort écho dans la culture populaire.


Dragons, kappa et autres monstres traditionnels sont présents dans bon nombre de planches. Le seigneur aux écailles est d'ailleurs particulièrement représenté dans des croquis qui accompagnent des figures humaines comme dans des doubles planches qui permettent à Hokusai de travailler les contrastes noir/blanc, les jeux d'écailles ainsi que les mouvements à travers les torsions du monstre.


Des combats traditionnels comme celui d'un samurai avec le renard à 9 queues Tamamo no Mae ne manquent pas à l'appel des représentations d'opposition entre monde humain et surnaturel. Mais loin d'être mélancolique ou très effrayante, cette confrontation montre souvent des esprits ou monstres assez amusants avec leurs yeux exorbités ou leur grimace comique.


Dans certaines planches, c'est la touche naturaliste qui imprime sa marque comme dans cette représentation du poisson géant chevauché par la déesse Kannon. Les dessins qui dépeignent ces apparitions célestes mêlent les coloris subtils aux mouvements plutôt gracieux.


Bien souvent aussi, le côté caricatural explose dans certaines planches : n'oublions pas ce goût d'Hokusai pour les situations et les emplois comiques des corps. L'enveloppe hideuse et difforme permet ainsi au créateur de s'amuser et de distraire le public au travers de personnages surnaturels que la croyance populaire véhicule depuis des siècles.